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D’après une étude Gartner menée en 2007, le secteur informatique est aujourd’hui responsable d’environ 2% du total des émissions de CO2. Particulièrement montrés du doigt, les centres de données (datacentres) contribuent à hauteur de 23% aux émissions de ce secteur. « Même si ce pourcentage reste faible en comparaison des 40% générés par les PCs et moniteurs, il augmente plus rapidement et est plus concentré », explique Rakesh Kumar, Vice-Président de la recherche chez Gartner. Ceci est dû au fait qu’un grand nombre de centres de données dans les entreprises sont technologiquement dépassés et utilisent beaucoup d’énergie aussi bien pour fonctionner que pour leur système de refroidissement. Par ailleurs, la croissance du secteur, et notamment d’Internet, est telle que les centres de données sont vite saturés, d’où la nécessité de construire de nouvelles installations. Enfin, l’étude Gartner montre aussi que les économies d’énergies ne figurent pas parmi les priorités des directeurs informatiques et des managers de datacentres.

On comprend donc la nécessité d’agir vite pour déclencher une prise de conscience et ainsi diminuer, ou au moins garder constant, le niveau de ces émissions de dioxyde de carbone.

Les grands acteurs du secteur ont donc commencé à réagir et à concentrer leurs efforts en vue d’optimiser la consommation d’énergie des centres de données. Un consortium, le Green Grid, a été crée pour leur permettre de réfléchir ensemble aux solutions. Ce dernier rassemble les poids lourds du secteur : Google, Yahoo, Intel, HP, Ebay, AMD, Microsoft, IBM, Sun, Fujitsu et VMWare.

En ce qui concerne les datacentres, l’une des principales conclusions de la 2ème conférence annuelle du Green Grid en février 2009 est que la virtualisation pourrait apporter un premier élément de réponse. Elle permettrait en effet de faire passer le taux d’utilisation des serveurs de 20% en moyenne aujourd’hui à près de 90%, et donc de réduire le nombre de machines utilisées par les centres de données. De plus, la virtualisation entraîne une consommation moindre d’énergie, ainsi qu’une émission plus faible de chaleur et donc un besoin réduit de refroidir les serveurs. Selon des chiffres VMWare cités par Dotgreen, chaque serveur virtualisé permettrait d’économiser environ 4 tonnes de CO2.

Dans la même lignée, on peut évoquer le développement du cloud computing (ou « informatique dans les nuages »), qui permet d’utiliser la mémoire et la capacité de calcul des ordinateurs et serveurs répartis dans le monde entier, et liés par un réseau, tel Internet. Avec cette méthode, les serveurs sont mutualisés et utilisés à pleine capacité, ce qui est plus efficient en termes d’énergie.

Ensuite, une autre solution préconisée notamment par Samsung est l’utilisation de lecteurs à l’état solide (Solid State Drives ou SSDs) combinés à la mémoire DDR3 (Mémoire à Accès Aléatoire Synchrone à Débit de Données Doublé de troisième génération). En effet, les SSDs permettent de stocker des données tout en générant très peu de chaleur, d’où des besoins réduits en air conditionné. Quant à la DDR3, elle fonctionne sur un voltage plus faible et donc rend possibles des économies d’énergie.

Par ailleurs, Google et Yahoo participent aussi grandement à l’effort de recherche et ont développé des méthodes pour améliorer le bilan énergétique des installations hébergeant leurs serveurs. Ainsi, Yahoo a mis en place des transformateurs et des systèmes d’alimentation sans interruption (Uninterrupted Power System) plus efficients, ainsi qu’un système permettant de tirer bénéfice du vent entrant et sortant des installations. Scott Noteboom, Directeur des Opérations du centre de données Yahoo, explique que grâce à cela les coûts de refroidissement des installations « cloud » de Yahoo dans l’état de New-York représentent 1% du budget énergie, en comparaison des 55% générés auparavant par les serveurs répartis dans le monde. Quant à Google, l’entreprise a déposé un brevet pour une méthode de refroidissement permettant d’envoyer de l’air plus froid que l’air ambiant uniquement dans les endroits où cela est nécessaire (racks repérés par des capteurs). Ceci évite à Google de refroidir des racks qui n’en ont pas besoin.

Enfin, le Green Grid a lui-même développé un outil en ligne, permettant aux entreprises de trouver et d’évaluer les sources, gratuites, d’air froid à proximité de leurs centres de données. L’objectif est de faciliter l’accès à des sources de refroidissement moins coûteuses en budget et en énergie.

Toutes ces initiatives sont prises dans un souci de protection de l’environnement, mais aussi en phase avec les engagements pris par les différents gouvernements pour limiter les émissions de CO2 dans un futur proche. Les discussions du sommet de Copenhague seraient l’occasion d’évoquer l’engagement des acteurs du secteur informatique, trop souvent oublié, et de donner un cadre plus officiel à tous ces projets. Reste à savoir si les technologies de l’information auront bel et bien la place qu’elles méritent dans ces discussions…

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Marion Chadail, Consultante.